Grèce II – l’île d’Hydra

Le lendemain matin nous partons à l’aube au port du Pirée bien que le départ de notre brave Flying Dolphin ne soit pas prévu avant 9h30. Une fois n’est coutume, nous préférons jouer la carte de la précaution, prendre en compte les avertissements de notre très bavard et assez malheureux chauffeur de la veille selon qui le matin, c’est de la folie pure dans les rues athéniennes.  Ainsi nous partons avec une heure et demie d’avance pour nous rendre compte qu’il fallait à peine 15 minutes pour couvrir le trajet entre l’appartement et le port. Nous n’avons d’autre choix que de faire passer le temps. Après un court moment d’hésitation et de regards échangés, on s’installe dans le seul et unique café ouvert et commandons nos pitas aux épinards et au chocolat, bien grasses et paradoxalement réconfortants. Les pitas, mais finalement l’ambiance intemporelle du café ainsi que ses habitués me rappellent vaguement une autre époque, celle de mon enfance, les pirochki dégoulinant de graisse, une décor vieillot déjà à l’époque, la peinture écaillée, les papys moustachus aux pantalons difformes.


Alors, quoi qu’on vous dise sur le confort et la stabilité du Flying Doplhin, ne vous y fiez pas. Il tangue à la vue de la moindre vague, se cabre, s’immerge jusqu’aux hublots dès que l’occasion se présente et émet une odeur de mazout absolument étouffante. Ce n’est que hasard et miracle si nous ayons pu accoster sains et saufs au port d’Hydra après 90 minutes de terreur et de prières pour ma part et de calme (feint, j’en suis certaine) légèrement moqueur pour lui.

Nous débarquons donc sur cette île mystérieuse où nulle voiture ne roulera et l’unique moyen de se faire transporter sera à dos d’ânes (ou de mules, la question restera ouverte). Nous préférons à pied surtout que le descriptif de l’hôtel me permet de croire qu’il se trouve à 200 mètres du port. Un coup d’œil sur la carte et nous nous enfonçons dans l’indescriptible réseau de venelles et d’escaliers, accompagnés du doux bruit de nos valises de 20 kilos roulant sur les pavés. On monte, on descend, on esquive quelques crottes (car oui, qui dit ânes, ou mules… même si c’est très propre), on perd l’espoir, on vérifie. En repartant plus tard en ville pour dîner nous découvrirons évidemment qu’une rue large de 5 mètres rejoint directement l’hôtel à partir du port, aucun escalier, à peine deux crottes.

Iannis, un jeune homme dynamique et plein à craquer d’un rire retentissant nous attend et nous explique tout ce qu’il faut savoir. Surtout que c’est un ancien manoir qui appartient à la même famille depuis 1810 (on émet tous les deux un petit bruit admiratif et sincère), qu’il a été transformé en hôtel en 2013 par deux frères qui vivent à Athènes et dont un est professeur et l’autre médecin. Il nous sert des cerises aigres, faites maison par la maman. Ni mes compliments ni mes supplications n’y changent rien, pas de vente de cette petite merveille ni de recette.

L’ensemble est très chic, rempli d’antiquités, moderne là où il faut c’est-à-dire côté salle de bain où je suis particulièrement ravie de découvrir toute une gamme de produits Korres, une marque de cosmétiques organiques grecque dont m’a parlé ma copine Ülle avant le départ comme d’un must. L’hôtel est doté de deux terrasses, l’une orientée vers la ville mais nous ne profiterons malheureusement pas de celle-ci car les soirées sont malgré la latitude fraîches en ce début novembre, et d’une autre qui s’ouvre sur les cours intérieures et les collines les surplombant où nous prendrons par la suite tous nos petits-déjeuners. Pas de surprise, ces derniers seront riches et savoureux et les cerises aigres (plutôt sucrées enfin de compte) seront de la partie pour mon grand plaisir pour accompagner un bol de yaourt.

 

Que faire sur cette île habitée par les ânes (ou les mules) et les chats et où les rues sont bordées d’orangers croulant sous les fruits ? Oui, les orangers m’impressionnent toujours autant bien que je sois au courant depuis mon tout premier voyage en Espagne il y une dizaine d’années. Pour une fille du nord ça restera toujours le summum de l’exotisme, ainsi que les pêchers dans les vergers en France et les grenades (les fruits, pour qu’il n’y ait pas de quiproquo) qui s’explosent au sommet des arbres. Nous y passerons trois jours et malgré le relativement peu d’activité n’aurons pas le temps de nous’ennuyer.. Un autre rythme de vie s’impose à nous tout naturellement. Plus lent, plus dolent, plus rêveur. J’en oublie même de vérifier mon compte Instagram, mon courriel, mon emploi du temps des semaines à venir.

Iannis nous a tout gentiment prodigué des conseils sur les promenades à effectuer et les quelques rares restaurants encore ouverts en cette arrière-saison. C’est en nous fiant à lui que nous prendrons notre tout premier déjeuner insulaire dans une taverne familiale, Paradosiako, la même qui après de nombreux tests s’avèrera avoir la meilleure taramosalata et la meilleure aubergine fumée de la Grèce (talonnée de près par celle de ManiMani mais j’y reviendrai). Crevés par nos aventures matinales et par les repas sûrement plus riches que ce dont nous avons l’habitude, nous décidons de retourner à l’hôtel pour lire et nous reposer. En route nous passerons par la fameuse fabrique artisanale de gâteaux aux amandes Tsangaris (depuis 1930) que nous ne manquerons pas de goûter. Il faut dire que je trouve leurs baklavas également excellents au point où je me vois contrainte d’y retourner chaque après-midi. Douillettement installés dans notre lit et munis chacun d’un livre (moi en l’occurrence du dernier tome des aventures du pharmacien Meclhior par Indrek Hargla) nous finissons par nous endormir pour ne se réveiller qu’à l’heure de l’apéritif.

Au cours de ces trois jours nous aurons l’occasion de tester presque tous les restaurants et tavernes encore ouverts. J’en garderai deux finalement. Le tout premier car… taramosalata et aubergine fumée et Kodylenia’s que nous découvrirons le deuxième jour au cours de notre promenade côtière (le sentier à droite en sortant de la ville). Le restaurant se situe à peine à une quinzaine de minutes du port et peut se vanter d’une magnifique terrasse avec vue sur le petit port de pêche . Ce jour-là il fait très beau. Bien abrités du vent, nous laissons tomber nos vestes et gilets et profitons pleinement de toute cette vitamine D offerte gracieusement par la météo hellénique. Nous y prenons comme d’habitude de la taramosalata, une salade verte et du poisson grillé (pêche du jour) accompagnés d’un pichet de vin blanc frais et fruité servi selon la coutume dans un gobelet en métal couleur cuivre. Un moment paradisiaque pour ceux qui ont déjà connu la première neige à la maison.

Lors de notre séjour nous ferons une autre promenade, un peu plus sportive celle-ci. En faisant confiance à Iannis, sur ce qu’on imagine être un sentier de randonnée et qui devrait au bout de 4 km et quelques 550 m de dénivelé positif nous amener voir un monastère. Malgré les indications, nous nous perdons rapidement à l’orée de la ville. Plus de chemin, plus de sentier, un vieux fermier avec son cheval passe et son chien aboie de méfiance en nous voyant. Nous tentons un passage à travers les collines et la végétation rêche pour nous rendre compte de l’impossibilité de localiser notre destination en se fiant uniquement a une vague idée de l’endroit où celle-ci pourrait se trouver (les fils électriques convergent bien par-là, non ?). Nous revenons sur nos pas, examinons la dernière flèche et ses alentours et débouchons finalement sur un semblant de sentier qui nous permet de rejoindre le joli chemin pavé et menant au monastère. Evidemment, le vrai chemin passait juste à côté, derrière la petite église, nous le voyons bien au retour.

Peu de promeneurs, nous profitons du calme et de vues superbes sur la ville d’Ydra et sur le port. La montée n’est pas particulièrement difficile, ombragée par des pins majestueux mais malgré tout nous transpirons tous les deux en arrivant devant le portail. A l’intérieur des murs blancs et pas âme qui vive, le soleil brille, nos voix résonnent dans la cour dépouillée. Un prêtre passe plus tard avec des mules, il les abreuve, les nettoie surement. En sortant je laisse un billet dans la caisse pour les travaux de rénovation contre un sachet de tisane aux boutons de rose sauvage.

Le déluge s’abat sur nous le matin de notre départ. Sous un ciel couvert nous profitons des derniers moments pour prendre quelques photos et faire des achats. Les premières gouttes tombent et très rapidement la ville se transforme en terrain de jeu pour les torrents d’eau en provenance des montagnes. Les rues sont impraticables, l’eau arrive à la cheville et bientôt plus haut. Je vois un gentleman enlever ses chaussures en cuir pour tenter une traversée, nos propres tennis sont déjà irréversiblement trempés. Le vent se lève, je crains de monter au bord du Flying Dolphin mais une fois installée, je m’endors immédiatement et je ne me réveille que de retour à Athènes.

Nous nous offrons une dernière soirée gourmande à commencer par un passage à Heteroclito suivi d’un dîner à ManiMani. Il avait réservé la table et en effet, le restaurant est complet ce samedi soir, à peine une table se libère qu’elle est immédiatement dressée et presque aussitôt investie par de nouveaux clients. Nous ne résistons évidemment pas à l’appel d’une dernière taramosalata en guise d’entrée et nous faisons bien car ici elle est vraiment excellente, plus fine que sur Hydra, plus parfumée. La présentation des plats est soignée, pleine de couleurs, graphique. Mon filet mignon me plait bien mais son canard davantage, il partage cet avis. La viande est tendre, parfumée, riche, une explosion de textures et d’arômes. Et les desserts, décadents, suaves, doux, ils nous donnent l’envie de nous plonger dedans. Nous sortons repus et satisfaits, déterminés à revenir.

La Grèce I – Athènes

Parthénon

C’est un jour de grande grisaille que nous sommes partis après avoir passé la matinée à faire les valises. A-t-il plu ce jour-là, ou y a-t-il eu de la neige ? L’un et l’autre semblent vraisemblables car des jours au ciel bleu, nous n’en avions guère vu depuis un long moment. Après moults bisous à la petite demoiselle et quelques encouragements hésitants aux vaillants grands-parents gardiens-de-monstresse, mais volontaires nous avons pris le chemin de l’aéroport.

A notre arrivée à Athènes il faisait nuit depuis longtemps déjà. Fatigués et légèrement affamés par ce voyage qui fut un peu plus long que prévu, nous nous sommes couchés de bonne heure ce soir-là, non sans avoir effectué une première promenade dans le quartier afin de dénicher le dernier supermarché ouvert. Sans succès.


En route vers le panthéon

Les deux jours suivants nous avons sillonné les rues du centre d’Athènes de long en large. Notre Airbnb se trouvait confortablement à une dizaine de minutes d’Acropole et pour ne pas partir sans l’avoir vu de près, une chose qui aurait pu nous arriver tout naturellement, c’est là que nous nous sommes dirigés en premier lieu. De mes manuels scolaires j’ai un souvenir de colonnes, des rangées et des rangées de colonnes blanches ioniques et doriques. Et il y en a. Mais il y a aussi beaucoup de vide et de poussière. Des morceaux perdus, des trous immenses démarqués par un contour de fondation. Et pourtant on sait, on sait tout le poids de l’histoire, et celui de la civilisation et de la pensée. On se dit qu’en grande partie tout a débuté ici, on s’arrête en s’appuyant contre la balustrade sous les doux rayons du soleil automnal, on regarde la ville qui s’étend au-dessous de nous, ses rues sinueuses et ses édifices modernes, abîmés et délabrés et on se dit que c’était il y a bien trop longtemps.





Vers Psiri

En descendant on prend la direction de Psiri et on s’arrête dans un tout petit local Kafeneio Ivis pour
un verre de vin blanc et quelques mézé. La taramosalata a un goût différent, plus fort et plus fin à la fois par rapport à ce que nous connaissons, le poulpe grillé est généreusement arrosé d’huile d’olive et de jus de citron, le houmous très peu salé. A part nous un couple de touristes et une tablée d’employés de boîtes avoisinantes de toute évidence. C’est un endroit paisible et sans prétention ayant pour tout personnel un chef et un serveur et nous l’aimons bien comme nous aimons bien l’ensemble de ce quartier, après réflexion encore plus sympathique après la tombée de la nuit probablement. On y trouve des bars et des restaurants, des antiquaires et des brocanteurs, un marchand de komboloï qui malgré tous ses efforts et mon intérêt manifeste ne parvient pas à me vendre un de ses jouets. Les maisons sont basses et couvertes de tags, les rues étroites. On aimerait bien y retourner mais par manque de temps cela ne se fait pas.

Les Halles

Notre chemin nous rapproche par la suite des Halles qui me font penser aux marchés vus à Istanbul ou encore pourquoi pas à Tokyo et à Kyoto avec une partie couverte pour la viande, les fruits et légumes tout autour et une jungle d’échoppes et de tavernes qui entourent le tout. Nous y faisons acquisition de pistaches et d’olives et d’une barquette de figues pour la modique somme d’un euro. Ce n’est sûrement plus la pleine saison mais elles sont néanmoins bien plus tendres et sucrées que celles importées chez moi. Quelque peu ébahis nous traversons ensuite le marché couvert où les bouchers exposent dans les vitrines leur meilleurs morceaux, têtes et queues encore attachées. Les lapins me marquent particulièrement, non pas que je sois particulièrement sensible à leur côté mignon évident à l’état vivant mais plus à cause du contraste qui se dégage de leur carcasses dépecées et ornées d’une queue blanche et dodue. Nous rentrons à l’appartement pour nous reposer un peu avant la soirée en traversant le très joli parc national.

Ce soir nous dînons à Ellevoro et nous y dînons très bien, bien que trop copieusement (à part les deux desserts parfaitement oubliables que j’aurai réclamé à cor et à cri). Nous reprenons encore une fois une taramosalata ainsi que de l’aubergine fumée et à partir de ce soir-là, ces deux plats feront surface quasiment à tous nos repas. Je pense que plus de la moitié du temps passé à table pendant tout le voyage sera dédié à eux seuls, à leur dégustation, analyse et à la comparaison aux expériences précédentes. Sans vouloir gâcher le suspens, les meilleurs se trouvent dans un restaurant familial à Hydra. Je prends de l’agneau avec verdure (épinards presque toujours) et lui de la queue de bœuf, ou devrais-je dire, je mange un agneau et lui un bœuf, tellement les portions sont impressionnantes. Le vin est épais est saturé de soleil comme je l’aime.


Dans la rue

Le lendemain matin pour éviter le faux pas de la veille qui consistait à vouloir trouver à tout prix LA pâtisserie indiquée par notre guide, nous allons directement à Lotte. C’est un café-salon de thé dans la matinée et se transforme en bar le soir où on peut commander des snacks légers, des tartes salées et les accompagner d’un verre d’alcool de votre choix. Nous l’avions déjà remarqué le premier soir mais faute de courage, nous avons préféré notre lit à ses bancs accueillants. La salle est petite mais s’ouvre vers l’extérieur de sorte qu’une même compagnie peut être assise des deux côtés, séparée par une vitre qui s’ouvre vers le haut. La déco est fortement inspirée par Montmartre et l’atmosphère telle qu’on l’imagine dans les cafés parisiens entre deux guerres. Nous y dégustons un excellent portokalopita, un gâteau feuilleté à la pâte filo et au goût prononcé d’orange, une tuerie que depuis je rêve de recréer dans ma cuisine. Ne cherchez pas, vous n’en trouverez pas de meilleur, dixit la serveuse et j’ai envie de la croire.

La journée passe tranquillement au rythme de la flânerie. D’abord le stade panathénaïque qui a accueilli les premiers jeux olympiques modernes en 1896 et que nous visitons, il se trouve, le jour même où la flamme olympique sera transmise au comité d’organisation coréen. Le stade est rempli d’enfants en vêtements sportifs, on rate la cérémonie sans le savoir. Le temple de Zeus ensuite et la porte d’Hadrien que je suis particulièrement heureuse de trouver suite à ma lecture de ses mémoires par Marguerite Yourcenar. Ensuite le lycée d’Aristote dont il ne reste plus grand chose à part les fondations mais que nous sommes contents de visiter dans le plus grand respect philosophique et ensuite Kerameikos et son musée qui contient de magnifiques pièces de céramique et des statues de créatures mythologiques.


L’Olympiéion, Agios Eleftherios, Kermaikeios

Ce soir je suis décidée de boire un bon verre de vin avant le dîner. Nous nous installons dans un café qui, de loin, semble prometteur, pour changer d’avis à peine servis. La nuit est déjà tombée, on hésite, on ne connaît pas la ville, tout semble loin et près à la fois. Et puis il se souvient d’un bar à vin-enoteca aperçu en journée quelque part non loin d’une église. Dubitative, je le suis et surpris, à peine 15 minutes plus tard nous nous trouvons devant Heteroclito. Nous nous installons en terrasse, commandons deux verres de vin différents, organiques, tous les deux de Macédoine et tombons sous le charme de cet endroit.

Nous dînerons plus tard vers les Halles dans une boucherie-fromagerie Karamanlidika. On a compris enfin, les plats se partagent et c’est ce qu’on fait dorénavant. Encore une fois des mézé (leur taramosalata est encore plus fort et rustique que le premier, on n’est pas sûr de savoir laquelle on préfère, toutes sont bonnes), une salade de verdure (c’est-à-dire d’épinards comme précisé plus haut) et de fromage frais, des boulettes de poulet, du fromage et un dessert turc Künefe que je ne connaissais pas mais qui avait l’air suffisamment intriguant pour valoir ses 30 minutes d’attente. Comment le décrire ? Une galette sucrée, croustillante, farci au fromage fondu, servie chaude – étrange et bon à la fois, addictif. Un dessert maison nous est offert – du yaourt grecque (rien de surprenant jusqu’à là ) parsemé d’un drôle de fruit orange. Je penche pour le kaki-pomme, non, c’est un légume dit la serveuse. Courge ? Patate douce ? Eh non, la carotte, vous m’avez eu, je ne l’aurais jamais deviné.

Café Lotte

L’automne, déjà l’hiver avec ses biscuits trempés au chocolat

Oh les aléas du voyage ! Et bien sûr, un contretemps n’arrive que quand on a des plans et des projets. Aller au marché un vendredi matin, faire un tour dans les magasins afin de bien choisir quelques produits frais et puis passer l’après-mid dans la cuisine pour confectionner un dîner sans prétention aux nouveaux amis. Cependant SAS avait d’autres plans pour moi et ceux-ci pour mon plus grand désespoir comprenaient une nuit gratis à l’hôtel de l’aéroport de Copenhague suivie d’un petit-déjeuner sur place (d’ailleurs de façon surprenante tout à fait correct). N’empêche que cela m’a fait rentrer avec plus de 12h de retard et on ne pouvait plus vraiment parler de sérénité dans ma cuisine ce soir-là.

Malgré tout, la brioche a eu le temps d’effectuer ses deux levées réglementaires, le risotto aux moules et au potiron (rupture de butternut alors qu’il y en a toujours partout, toujours !) a reçu des compliments unanimes et certains invités, les plus téméraires avaient même su garder une petite place pour le très traditionnel crumble au pommes et aux raisins secs dégusté si affinité avec un nuage de crème fouettée.

Le lendemain fut plutôt calme, sûrement conditionné par les trop nombreuses bouteilles de champagne vidées la veille et l’heure tardive à laquelle on s’est finalement couchés. On avait vaguement projeté d’aller à Helsinki, et de revenir peut-être avec un coffre rempli de meubles comme il est de coutume mais au bout du compte nous avons juste eu assez d’énergie pour aller chez le marchand de meubles au coin de la rue, choisir quelques coussins pour le canapé convertible du salon, commander une seconde table basse et jeter notre dévolu sur un fauteuil. La petite demoiselle a bien évidemment profité de l’occasion pour grimper sur chaque divan et lit qu’il lui a été donné de croiser, courir entre les objets de décoration d’une facture plus ou moins fragile déposés avec attention ici et là (miraculeusement pas de casse !) et pousser de petits cris de réjouissance purs et retentissants.

Dimanche nous avons prévu un promenade dans le majestueux parc de Kadriorg pour imprégner nos esprits de jolies couleurs dorées des feuilles d’érables et de l’odeur d’une nature évanescente. Dans notre coin du monde l’automne étant imprévisible et l’arrivée de l’hiver toujours une surprise, je tenais à tout prix profiter de ce week-end Et en effet, dix jours plus tard la première neige est tombée. Les joues roses et les doigts gelés, nous nous sommes cependant dirigés rapidement vers NOP, le refuge dominical par excellence. C’était l’occasion pour moi de découvrir ce plat dont tout le monde semble parler en ce moment, le shakshuka. Très relevé, certes, mais finalement parfait pour se réchauffer après une matinée à l’air frais – il ne faisait que 4°C ce jours là.

Cet après-midi j’ai enfourné pour la deuxième fois déjà des petits gâteaux au chocolat trouvés ici chez Local is Lovely. Cette fois-ci j’ai décidé de les parsemer d’éclats de noisettes torréfiés et de fleur de sel et c’était très bien comme ça. Si l’envie vous prend, remplacez les noisettes par des noix de pécan, ajouter des fruits secs, des pétales de rose, du zeste d’orange… ou rien du tout. Vous verrez, j’ai effectué quelques changements mineurs mais ceux-ci ne sont vraiment pas nécessaires.

Pour les biscuits

120 g de flocon d’avoine
120 g de farine
60 g de sucre Muscovado
1/2 c. à c.  de bicarbonate de sodium
1/2 c. à c. de sel
120 g de beurre
Un peu de lait entier

Pour le glaçage

140 g de chocolat au lait
40 g de noisettes
Fleur de sel

A l’aide d’un robot, moulinez les flocons d’avoine en farine, cette farine devrait rester quelque peu rustique pour donner de la texture aux biscuits. J’utilise l’avoine à cuisson rapide qu’Irène mange le matin en bouillie avec ses compotes ou la banane écrasée et ça semble fonctionner plutôt bien. Ensuite, dans un bol, mélangez la farine d’avoine obtenue, la farine (de blé chez moi), le sucre, le bicarbonate de sodium et le sel. Coupez le beurre en petits morceaux, ajoutez-le et travaillez le mélange du bout des doigts jusqu’à l’obtention d’une pâte à crumble. Ajoutez 1 à 2 c. à s. de lait afin de lier la pâte.

Au lieu de l’étaler, je préfère en former un boudin de 5 cm de diamètre que j’ai filme et que je dépose au frigidaire (au moins 30 minutes).

Pendant ce temps, préchauffer le four à 180°C et couvrez deux plaques de cuisson de papier sulfurisé.

Faites grillez vos noisettes dans une poêle pendant 5 à 10 minutes. Cela rehaussera leur goût et vous permettra d’enlever la peau plus facilement. Grillées, mettez-les dans un torchon propre et frottez-les, la peau partira bien plus facilement qu’à froid.

Sortez la pâte et découpez-la en disques de 5 mm d’épaisseur. Si besoin servez-vous de vos doigts pour leur donner la forme parfaite. Déposez les disques sur les plaques de cuisson et faites-les cuire à chaleur tournante une vingtaine de minutes.

Déposez le chocolat coupé en morceaux dans un bol allant au four. A la sortie des biscuits, mettez le chocolat à fondre dans le four préalablement éteint pendant 5 minutes. Quand le chocolat est fondu, mélangez-le et trempez les biscuits dedans afin de couvrir un des deux faces uniformément.

Déposez les biscuits nappés de chocolat sur une grille à pâtisserie et parsemez-les de noisettes et de fleur de sel.