En Ecosse

Nous avons d’abord passé deux jours à Paris sous un soleil brûlant avec deux petites filles qui n’ont pas l’habitude de chaleur ni de marcher (ni du grand pot pour la petite)… Un véritable plaisir à chaque instant donc. Nous avons réussi à voir nos amis in extremis (la véritable raison d’être de ce calvaire)  avant leur déménagement au Japon quelques jours après. Leurs jumeaux nouveaux-nés se portaient comme des charmes malgré la chaleur, les parents moins mais ceci est probablement inévitable quand on a des jumeaux nouveaux-nés, il fait 35 °C et on est en train de se remettre du COVID tout en organisant un déménagement à l’autre côté du globe.

Le lendemain G. est parti avec les filles chez papy-mamie alors qu’une retraite de yoga d’une semaine m’attendait à Londres. Très intense, fatigante, exultante. Et puis au bout de cette semaine il est venu me retrouver en voiture pour enfin partir tous les deux vers l’inconnu, comme avant, juste un rien culpabilisant.

Pour des raisons logistiques insolubles nous avons opté pour un trajet de 10 heures en voiture (vols annulés, grève des trains et j’en passe). On avait demandé une boîte automatique car je ne me sens pas super à l’aise au volant d’une voiture manuelle et encore moins dans un pays où la circulation se fait à l’envers. On en a obtenu une manuelle bien sûr. Alors c’est lui qui a vaillamment conduit. Il y a eu aussi l’incident du portefeuille perdu. Oublié sur le toit de la voiture en sortant de la station d’essence. Heureusement remarqué peu de temps après. Retour paniqué à la station, interrogatoire de tous les employés, poubelles fouillées, parking parcouru en long et en large, arbustes secoués. Rien. Finalement retrouvé à un ou deux kilomètres plus loin sur le bord de l’autoroute avec tous les documents et cartes bancaires – un bol inouï. 

L’arrivée à Killiehuntly finalement en pleine nuit sous la pluie, passablement frigorifiés et perdus. Enfin le soulagement quand on a trouvé le bon farmhouse avec la porte ouverte, agréablement chauffé, les lumières allumées et quelques provisions de bienvenue pour nous accueillir sur la table de la petite cuisine. 

Le lendemain notre guide nous attendait de bonne heure pour une première balade à pied. Un jeune homme sportif qui aimait son chien, l’aventure, la nature. Il nous a fait découvrir les landes et les forêts, la couleur époustouflante de la bruyère à ne pas confondre avec la lavande pourtant pas si différente, les plantes et les baies locales. Il nous a aussi parlé du projet du propriétaire de faire renaître la terre comme elle l’était avant l’intervention abusive de l’homme. De la chasse aux cerfs qui mangeaient tout et ne laissaient pas les arbres pousser, du mécontentement des gens car on tuait les cerfs, des premiers signes prometteurs qu’on pouvait déjà apercevoir ça et là, de jeunes pins qui poussaient plus haut dans la montagne qu’avant, des oiseaux qui revenaient. Notre promenade nous a amené en haut d’un mont où le vent et la pluie faisaient rage et il a fallu s’abriter derrière le cairn convenablement installé au sommet. Vous êtes en bonne forme, on peut y aller, nous avait-il dit avant de commencer l’ascension. Quelle contraste avec Londres où mi-août les parcs étaient brûlés et les feuilles des marronniers brunies ratissées en gigantesques amas. 

Nous avons passé une semaine dans le parc national de Cairngorms sans vraiment chercher à occuper chaque instant. Certains jours nous avons préféré découvrir les villes et villages du coin mais nous nous sommes surtout promenés dans la nature, entre les champs, sous la forêt. Il y a eu des promenades plus faciles sur les petites routes mais aussi une ascension un peu plus ardue d’un mont dont le nom m’échappe. Des vues qu’on voulait bien croire splendides mais qui demeuraient désespérément cachées de nous dans les nuages qui descendent bien bas dans ce pays. De l’eau partout, des ruisseaux, des loch, des chutes. Des couleurs surtout. Du vert foncé, du vert plus vif, du vert des sapins et des pins, de la mousse, du violet de la bruyère, du rouge des églantiers et des airelles (qui elles avaient un autre nom), du bleu des myrtilles (qui eux aussi avaient un autre nom), du gris du granit. Les couleurs des tartans écossais. 

Nous avons visité le château de Blair Atholl qui nous a plu avec ses collections de meubles, de vêtements et de vaisselle d’époque et son parc à l’anglaise où on peut s’amuser à chercher de minuscules maisons de fées cachées dans les arbres. Ce jours-là nous avons déjeuner dans le moulin avoisinant qui d’ailleurs est tout à fait fonctionnel et où on servait des repas légers (des soupes, des sandwichs, des scones… ). On peut également y acheter de la farine, des shortbreads et d’autres spécialités locales ce que nous avons bien évidemment fait. A 2 ou 3 kilomètres se trouve le grand magasin du nord, The House of Bruar où j’avoue j’ai dû passer bien trop de temps éblouie par la multitude de couleurs et de motifs écossais disponibles pour les jupes, vestes etc…

Un matin nous nous sommes levés plus tôt que d’habitude. Notre guide nous attendait déjà près du quatre-quatre de la farmhouse. Une famille autrichienne nous a également rejoints. Ils étaient venus à Cairngorms pour visiter le pays avant que leur fille ainée n’entame ses études à l’université d’Edinburgh en automne. Nous sommes tous montés dans la voiture munis de répulsif contre les midges, des espèces de moucherons particulièrement pénibles et quasi invisibles qui laissent derrière eux des milliers de piqûres douloureuses qui démangent franchement. La journée était splendide, grand soleil, ciel bleu, pas de vent. Deux chasseurs vêtus de leurs tweeds traditionnels nous attendaient à quelque 45 minutes de route près de leur cabane de chasse. Avec eux un superbe poney déjà harnaché de deux paniers contenant le nécessaire pour notre piquenique. 

Nous avons traversé un petit cours d’eau en quatre-quatre et puis nous avons continué à pied accompagnés du poney et de nos guides. Nous avons certainement eu beaucoup de chance car la météo était tout simplement incomparable. Le soleil, le ciel bleu, d’un bleu tellement net que cela paraissait irréel. Nous avons suivi un petit sentier qui traversait le glen, puis un autre et finalement nous sommes arrivés au bord d’un loch, calme et serein, reflétant parfaitement les montagnes dans ses eaux. Les guides ont allumé un petit feu, des saucisses ont été grillées, des sandwichs partagés. Un petit bateau nous attendait pour qu’on puisse s’essayer à la pêche. Un peu plus tard et pour conclure cette aventure un de nos guides est monté dans le bateau et a traversé le lac en jouant de la cornemuse n’ayant d’autres témoins à des dizaines de kilomètres à la ronde que notre petit groupe et quelques représentants de la faune locale qui devaient bien s’amuser en nous épiant. 

Petits écoliers maison ou quand on n’a vraiment rien à faire

Aussi étonnant que cela puisse paraître, non, je n’en ai pas fait pendant le confinement. D’ailleurs, je n’ai rien fait du tout pendant le confinement, pour que ce point soit bien clair tout de suite. Depuis par contre… Ha oui, depuis nous faisons plein de choses et entre autres des Petits écoliers maison ce qui est, avouons-le, une non-activité en réalité. Cela vous occupe une bonne partie de la journée entre la préparation de la pâte, la découpe des biscuits, la préparation des tablettes de chocolat, l’assemblage… Et donc, après ce dur labeur de plusieurs heures vous vous trouverez enfin en possession de… environ 24 Petits écoliers un peu irréguliers. De quoi ressentir un élan de fierté gonfler votre poitrine d’autant plus que votre mari, maman, petite soeur, copine de passage ou princesse en herbe sera forcément impressionné – mais dis donc, ils sont presque comme des vrais ! Et là vous aurez envie de dire un peu trop fort et sur un ton peut-être légèrement plus sec que nécessaire – mais tu sais, c’est fait maison, c’est encore meilleur ! Or en réalité vous n’en direz rien car vous serez dans un état de choc émotionnel en voyant avec quelle vitesse et nonchalance la personne en question est en train de les dévorer. Au final vous en goûterez peut-être un, ou pas car contrairement à votre glouton de copain-fiston-papa-amie, vous, vous connaissez le prix de ces petits merveilles et surtout, vous n’aurez aucune envie de recommencer tout de suite. Quelques allusions bien placées, voire supplications en bonne et due forme vous feront cependant changer d’avis… dans un avenir plus ou moins éloigné.

Voilà la recette trouvée sur la boîte contenant les moules et l’emporte-pièce, fonctionne très bien et je la copie ici uniquement pour ne pas la perdre. J’ai utilisé le kit de Ibili.

200 g de farine
80 g de beurre
80 g de sucre
1/2 c. à c. de levure
5 cl de lait
250 + 50 g de chocolat de votre choix

Pâte pour biscuits

Chauffer le beurre avec le sucre et le lait. Mélangez et laisser refroidir en touillant de temps en temps pour l’empêcher de solidifier. Tamiser la farine et la levure, formez un puits au centre et y verser le mélange précédent. Travailler la pâte jusqu’à l’obtention une préparation homogène. Former une boule, l’aplatir et la filmer. Laisser refroidir au moins deux heures au réfrigérateur.

Tablettes au chocolat

Entre-temps, hacher en gros les 250 g de chocolat et le faire fondre au bain-marie. Remplir les moules à l’aide d’une cuillère à café. Laisser refroidir dans un endroit frais 30 à 40 minutes avant de démouler. Reproduire ces étapes jusqu’à épuiser le chocolat. Conserver les tablettes au réfrigérateur.

Préparation des biscuits

Sur un plan de travail fariné, étendre la pâte et former une couche de 3 mm. Découper les biscuits à l’aide de l’emporte-pièce. Les cuire au four 12 minutes. Les biscuits doivent être dorés sur les côtés. Les laisser refroidir complètement sur une grille.

Montage des biscuits

Faire fondre les 50 g de chocolat restants. En placer un peu sur chaque biscuit et coller une tablette de chocolat dessus. Les laisser refroidir dans un endroit frais.

En janvier, tout est new

Le parc de Kadriorg et les jeux

L’hiver est partout. A la maison bien sûr avec son lot de neige, de gèles et de dégèles et récemment une chute de température à -20°C même à Tallinn. Mais il est aussi arrivé à Bruxelles où je passe beaucoup de temps en ce moment afin de travailler autant que possible avant une pause de plusieurs mois tant attendu. C’est joli comme tout, un peu glissant par endroit mais très loin de la catastrophe dont nous ont prévenu les plus alarmistes. Par ailleurs, je commence à faire des rêves de fin d’été – c’est le signe incontestable que la chaleur et la verdure me manquent déjà. 

Je ne sais pas si c’est dû à la saison où au fait que je suis enceinte de cinq mois et demi (eh oui, la famille va en s’agrandissant, on est tout excités !) mais j’ai l’impression que tout au tour de moi est passé au mode ralenti. Sûrement un peu des deux. L’heure est à la tisane et à l’introspection, à la lecture et au dessin, aux soirées devant la cheminée avec le monde incroyablement beau et brute d’Outlander en fond, aux longues conversations sur l’avenir et l’immédiat. 

Le parc de Kadriorg
A l’anniversaire d’un camarade de classe au musée pour les tout petits Miiamilla

C’est avec un certain regret que je me rends compte que je n’ai ni photo ni entrée de journal, ni même les données de mes pesées de 2014 alors que j’attendais Irène. Restent quelques documents médicaux dans une chemise bien rangés dans le bureau et une ou deux photos des échographies. Je n’en ressentais pas le besoin à l’époque et je n’ai rien documenté mais je me souviens d’avoir été plutôt insouciante, certaine que tout allait bien se passer et pas très à l’aise à l’idée d’avoir un organisme étranger qui grandissait à l’intérieur de mon corps. En parlant de ce dernier, je n’étais pas non plus particulièrement heureuse de constater les changement inévitables. Ce qui a suivi l’accouchement fut un véritable choc en revanche. 

Aujourd’hui certaines choses ont changé. Très anxieuse au début en partie à cause des tests et analyses à faire, après les fêtes je me sens enfin plus sereine et apaisée. Il aurait quand même fallu quelques discussions un peu musclées pour que je parvienne à relativiser et à m’extraire de ma boule de protection. Depuis je cherche, je lis, je m’interroge, je ne suis pas d’accord avec tout. Pour que ça sonne moins abstrait, voilà quelques questions que je me pose, parfaitement en pêle-mêle : faut-il arrêter de manger du sucre, des graines, du gluten, du cru, du cuit ; faut-il méditer ; et le yoga ? ; le minimalisme et le méthode Marie Kondo vs abondance ; qu’est-ce que je voudrais faire quand je serai grande ; où s’installer, faut-il une décision définitive à ce propos et ainsi de suite.

Le parc de Kadriorg

En attendant que je démêle les noeuds de mes propres envies et que je les concilie avec celles des autres et les exigences de la réalité, Guillaume patiente, me dit « oui, oui, on pourrait y réfléchir » pour me rassurer et se charge au quotidien de la petite demoiselle. (Voilà encore une bonne raison qui me fait penser à la nécessité d’effectuer quelques changements.) 

Notre vie sociale étant des plus limitée en ce moment à cause de mes absences, de la saison, des rhumes de tous et chacun, de nos envies de cocooning et de mille et une petite choses qui font que, nous avons malgré tous ces obstacles réussi à nous extirper de la maison samedi dernier pour passer une soirée chez des amis. On a dégusté un excellent agneau à la grecque de quelques cinq ou six heures de cuisson et j’avais préparé pour l’occasion une galette des rois maison (comprendre – feuilletage maison). Tout ceci pour dire que, si vous hésitez encore, lancez-vous. C’est long, certes, mais techniquement tout à fait abordable et le résultat en vaut le coup surtout dans un pays où trouver de la pâte feuilletée pur beurre relève du miracle. J’ai suivi à la lettre la recette du feuilletage renversé de Pâtisserie, l’ultime référence de Christophe Felder. 

Et pour terminer, une autre recette de risotto (encore !), celle-ci n’est pas de moi et en vaut vraiment le détour. Guillaume a été invité chez un excellent collègue et artiste accompli Hanna Geara il y a quelques semaines et depuis il ne parle plus que de ça. Cerise sur le gâteau, notre princesse au petit pois à adoré ! Hanna a très gentiment partagé la recette par courriel et vous la retrouverez ici expliquée par ses propres mots. Encore merci pour ce moment de gourmandise. (En relisant la recette, je viens de m’apercevoir que j’ai omis la crème, par contre j’ai rajouté de la muscade et à peu près 30 g de beurre après la cuisson hors feu. J’ai également diminué le temps de cuisson à 18 minutes mais n’hésitez pas à gouter). N’oubliez pas non plus de mélanger régulièrement votre préparation car elle risque de coller autrement.)


Risotto à la citrouille (pour 5 personnes)

500 g de butternut / courge / citrouille
400 g de riz rond (arborio)
1 oignon
30 g de beurre
1,5 l de bouillon
100 g de parmesan râpé
S et poivre
200 ml de crème
Un verre de vin blanc

Découper la citrouille en cube. Couper l’oignon et le faire revenir avec de l’huile d’olive.
Préparer le bouillon et faites bouillir la citrouille dedans. 
Ajouter le riz à l’oignon et puis ajouter le vin et laisser évaporer un peu.
Ajouter le bouillon une louche à la fois.
Mixer le reste du bouillon et la citrouille déjà cuite et continuer à rajouter au riz.
Après 25 min, quand le riz est cuit rajouter le parmesan hors cuisson et enfin le beurre.
Décorer avec du persil et du parmesan.

Bon Appétit !