L’Italie ou une folie d’asperges

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L’Italie et la France. Deux pays absolument magnifiques et si riches, si riches. L’Italie fabuleuse et imprévisible et Paris, ma foi, Paris reste Paris malgré les circonstances.

Le voyage en soi a été chaotique et même exaspérant par moments. Un peu comme si nous nous trainions d’un écueil dans l’autre – à peine une première catastrophe absorbée que voilà sa copine qui pointe le bout de son nez. Pour préserver un semblant de légèreté sur ces pages je vais vous épargner la description minutieuse de nos péripéties mais disons juste que nous devons une fière chandelle à cette jeune famille inconnue qui a eu la l’excellente idée d’oublier une poussette parapluie rouge pétante à l’hôtel où nous séjournions. Elle nous a bien servi pendant les quatre premiers jours au bord des lacs alors que les roues habituelles d’Irène, ou notre « char d’assaut » comme on l’appelle avec beaucoup d’affection, était retenu dans un entrepôt poussiéreux quelque part à CDG. Il y a eu des embouteillages à ne plus finir, des explosions à Bruxelles (que mon papa-chéri visitait pour la première fois de sa vie), une querelle à l’agence de location de voiture, un virus intempestif ramassé le dernier jour du voyage, toujours présent, il y a eu… Enfin, vous voyez.

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Mais alors l’Italie. L’Italie ! Le soleil, les terrasses de café à midi et les verres de franciacorta (un vin pétillant, plus fin que le prosecco – jusqu’à il y un mois j’ignorais encore tout de son existence), les églises dorées-roses-de marbre, les routes étroites et sinueuses sur les berges des lacs où on se faisait systématiquement klaxonner par les locaux exaspérés par notre allure modérée, les signore toutes, mais toutes, immédiatement conquises par les premières coquetteries d’Irène.

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Un jour nous avons déjeuné dans une trattoria absolument magique. Il me semble que c’était autour du lac de Côme, et nous venions de trouver le petit restaurant typique, local et peu connu de touristes mais cependant plébiscité par notre guide, désespérément fermé. Nous avions projeté de visiter la très belle ville de Bellagio et de casser la croute dans un des villages mitoyens du nom de San Giovanni il me semble. Or voilà, le village en question comprenait justement ce seul et unique restaurant aux stores abaissés, deux ruelles qui se rejoignaient devant l’inévitable église ainsi qu’un minuscule port de pêche venteux donnant sur le lac (vue à couper le souffle, évidemment). Quelque peu désemparés par cet échec mais n’ayant pas d’autres solutions à portée de main, nous avons ressorti le guide et nous nous sommes fixés sur un autre restaurant typique, local et à peine à 6 km de distance.

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Une heure et 20 km de petites routes montagneuses plus tard nous y étions enfin. Un village tout en haut de la colline composé de vieilles maisons en pierre et de rues qui se transformaient mine de rien en escaliers. Des travaux ici et là mais sinon pas un rat. De la pierre, de la poussière, des passages sombres et étroits entre les bâtisses et la trattoria qui de justesse s’appelait l’Antica trattoria di… Au rez-de-chaussée une jeune fille en train grignoter le bout de son crayon au dessus des mots croisés, une machine à café et un frigorifero rempli de boissons rafraîchissantes. En haut, la trattoria. Trois petites salles, une cheminée ou deux, les murs décorés de dictons sur la bonne chère, en lombard (?), des nappes à carreaux vert et blanc, quelques clients. Mais alors pas n’importe lesquels. Deux ouvriers et leur patron qui travaillaient sur le chantier à côté, une autre compagnie d’ouvriers un peu plus nombreuse et puis, deux papys très chics en habits de cyclistes professionnels. Ils venaient de terminer leur primi piatti et causaient tranquillement avec le patron en attendant la suite. Une carafe de vin rouge sur la table, évidemment. Nous avons commandé un risotto aux asperges (des asperges, partout, j’en suis encore toute retournée ) et des pâtes au pesto, une assiette de fromages locaux à partager, de la salade, du vin et forcément des espressos. Je n’ai pas pu m’empêcher de tendre l’oreille aux conversations environnantes. Oui, les deux papys étaient bien des habitués et ils  allaient revenir sans faille vendredi prochain. Nous étions mardi ou mercredi. Ces deux signori avaient donc pour habitude de grimper sur leurs vélos tout en haut de la colline et de se partager un repas et un verre de vin au moins deux fois par semaine. J’ai été très impressionnée et même envieuse de cette vie qui me paraissait tellement élégante.

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Un autre jour, et c’était à Bergamo, nous avons eu la chance de déjeuner dans une tout autre atmosphère mais au final, il me semble que ce restaurant remplissait exactement le même rôle que l’Antica trattoria en haut de la colline. Après quelques mésaventures et avant même de pouvoir monter en ville haute admirer il centro storico, nous nous sommes donc installés dans ce restaurant au fond d’une cour intérieure, caché des bruits de la rue. La mauvaise humeur d’Irène a été balayée en quelque secondes grâce aux sourires admiratifs de la serveuse et nous pouvions enfin nous relaxer. L’endroit est connu entre autres pour ses plateaux de charcuterie et de fromage et c’est sur cela que notre choix s’est enfin arrêté. Non sans quelques regrets pourtant (bien que nos plateaux fussent excellents) car les plats que nous voyions traverser la salle avant d’atterrir devant les clients, en costume-cravate cette fois-ci, nous faisaient tous saliver. Guillaume se souvient encore des roulés de pâtes visiblement farcis aux épinards et à la ricotta… (j’ai déjà oublié le terme culinaire employé à leur description). Ambiance bois foncé, caisses de vin empilées, lumière tamisée, le tout présenté le plus simplement possible. Une clientèle qui revient, probablement plusieurs fois par semaine car c’est bon et beau mais aussi nourrissant.

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Avant le départ pour Paris nous avons fait des courses auprès des petits commerçants de Lecco. Alors, Lecco n’est surement pas ce qu’on pourrait appeler une petite ville pittoresque sur les côtes du lac de Côme. Et pourtant. La petite place du centre est bordée de palazzi, au tournant de la rue, une vue magnifique s’ouvre sur les sommets des Alpes enneigés, le tintement des cloches remplit l’air matinal pendant un instant et d’un coup on oublie toutes les installations industrielles et franchement laides dont est dotée la ville. Nous avons trouvé plusieurs boucheries et fromageries, sans parler des pâtisseries. Du fromage, de la pancetta (indéniablement ma nouvelle favorite de la charcuterie italienne), des cèpes séchés, quelques bouteilles de vin. Pourquoi, oh pourquoi la moindre petite ville italienne et française regorge de ce genre d’établissements alors que Tallinn… voit émerger tous les ans un nouveau mega-super-hyper centre commercial. Pourquoi s’inspirer toujours de ce qui est sans âme, médiocre et moche au nom du profit ou du progrès ? Ne serait-il vraiment pas possible d’inverser cette tendance ? J’aimerais tant.

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Ce n’est bien sûr pas tout. Il y a eu une longue promenade tranquille à Stresa car nous venions de visionner récemment La Sapienza. C’est ici qu’ils se sont rencontrés, sûrement. Attends, ici peut-être, regarde, ça y ressemble. Et puis les majestueux palazzi abandonnés, décolorés, derrière les grands hôtels de luxe. Il y a eu aussi la visite du monastère de Santa Catarina juste en face de Stresa sur l’autre bord du lac – construit au pied de la colline à quelques 20 m au dessus de l’eau, calme, ensoleillé, tellement chaleureux. La colonnade, l’ombre sous les voutes, et le calme, encore une fois. Il y a eu aussi le petit jardin public rempli des premières fleurs de l’année à … Mais comment cet endroit s’appelait-il déjà ? (Cernobbio, ça me revient). La ville de Côme que nous avons beaucoup aimée mais où le repas de midi était plutôt décevant. Qu’est-ce que j’ai pu oublier ? Le bonheur d’être ensemble, tous les trois, notre petit monde. Si cher.

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A Paris nous avons fait le choix de louer un appartement dans le Marais que cette fois-ci on pourrait qualifier sans hésitation de typique : immeuble haussmannien, 5ème étage sans ascenseur (pour une fois que notre char d’assaut nous avait fidèlement suivi), parquets, murs blancs, panneaux, cuisine et sdb minuscules. Le frère de Guillaume, revenu de Vietnam a enfin rencontré sa petite nièce et nous avons fêté cet événement dans le bistrot d’à côté du nom Du temps des cerises – on n’aurait pas pu mieux tomber. Ils avaient des oeufs à la mayonnaise en entrée (si simple), ils avaient de toutes petites tables et beaucoup de monde, on se serre les coudes, un comptoir pour faire patienter. Tellement bien. Les burgers étaient copieux, les frites bonnes.

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La raison de notre venue à Paris et initialement de tout ce remue-ménage était d’ordre familial. Le grand-père de Guillaume nous a quitté il y a peu et nous souhaitions l’accompagner lors de son dernier voyage au cimetière de Poissy. Très sobre. Quelques rayons de soleil printaniers, un discours, une dernière pensée, un repas partagé en petit comité.

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Le lendemain soir après une journée de promenade et d’emplettes nous avons pris des asperges blanches et une botte d’oseilles à un étal de fruits et légumes tout près de l’appartement. Une barquette de fraises (de Plougastel ?) s’est probablement invitée aussi dans nos paniers. En fut composé un risotto aux asperges car enfin, vous l’aurez compris, je suis complètement sous le charme de ce légume. Et pour le dessert une très jolie boîte nous attendait, contenant la Colomba di Pasqua  – une pâtisserie italienne, briochée, parfumée aux abricots secs et parsemée d’amandes, un rêve. A 21 h il s’est mis à pleuvoir des cordes et en ouvrant les fenêtres de la cuisine, on pouvait entendre le retour des cloches de Notre Dame carillonner, chargées de friandises.

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Il y a eu un repas quelque peu décadent  à Okomusu  accompagnée d’une très bonne bouteille de saké et de bavardages. C’est un tout petit restaurant japonais (comme là-bas, ou comme à Paris, d’ailleurs) a un air de famille, souvent fermé et de plus en plus populaire. Pensez à réserver. Sur la carte, pas de sushi pour une fois mais trois versions d’okonomiyaki, de cette omelette si riche et réconfortante, et quelques plats de nouilles sautées. Et un dernier déjeuner chez des amis avant le retour, à tous points époustouflant. Un tataki de bonite et des maki maison en entrée, des tomates farcies en seconde entrée, l’agneau de 7 heures façon grande cuisine, un fraisier encore une fois fait maison et maîtrisé à la perfection sans parler du vin, du champagne et d’autres mignardises. Merci Tsubasa pour ce merveilleux moment. Nous sommes repartis repus et attristés de devoir laisser loin derrière nous ce petit monde qui fut le nôtre pendant presque 15 ans.

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Sur ce, je vous laisse en compagnie d’une recette de risotto aux asperges pour deux. C’est encore la saison, profitez-en.

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120 g de riz de risotto
250 g d’asperges
1 verre de vin blanc (Soave)
1 cube de bouillon (de poule ou de légumes)
1 échalote (ou 1/2 oignon, à défaut de)
2 c. à s. d’huile d’olive
20 g de beurre
Sel, poivre
Du parmesan fraîchement râpé

Remplissez une casserole de taille moyenne d’eau (1 l à peu près) et portez à ébullition. Préparez les asperges, couper la partie boisée du pied et épluchez-les. Coupez les tiges en morceau de quelque 3 ou 4 cm de long. Plongez les asperges dans l’eau bouillante pour 30 secondes à peine. Pêchez-les à l’aide d’une écumoire et réservez.

Rajoutez le cube de bouillon dans l’eau de cuisson des asperges et maintenez le bouillon au chaud, presque frémissant.

Faites-chauffer l’huile d’olive dans une sauteuse à fond épais au feu moyen. Epluchez et émincez l’échalote et faites-la revenir dans l’huile. Elle doit rester translucide. Versez le riz dans la sauteuse et tout en remuant, attendez que les graines deviennent opaques. A ce moment, versez le verre de vin dans la sauteuse, remuez et laissez l’alcool s’évaporer (une petite minute à peu près).

Ajoutez 1/3 ou 1/4 de bouillon ainsi que les asperges. Remuez régulièrement. Attendez que le bouillon soit absorbé avant d’en rajouter.

La cuisson prendra entre 15 et 20 minutes. Les graines de riz doivent rester un rien fermes à l’intérieur. Coupez le feu, ajoutez le beurre, salez et poivrez si nécessaire, mélangez bien. Servez immédiatement parsemé du parmesan, fraîchement râpé, cela va de soi.

Notes :

Vous pouvez ajouter une botte d’oseilles pour une touche légèrement acidulé.

Si vos asperges sont très fines et fraîches, vous n’êtes pas obligés de les blanchir préalablement. Elle resteront un peu croquantes et c’est comme ça que nous les préférons.

Les asperges blanches étant plus réputées, j’ai cependant une faible pour les vertes à cause de leur jolie couleur tellement printanière. Les asperges sauvages conviennent aussi parfaitement.

Question de goût, mais je n’aime mais pas du tout les risottos rendus excessivement crémeux grâce aux quantités industrielles de mascarpone ou de crème. Un peu de beurre à la fin fait parfaitement l’affaire.

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Jusqu’ici tout va bien et des pelmeenid maison

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Dans la vie merveilleusement bien organisée qui est la mienne on peut, si on n’y prend pas garde, développer assez facilement la prétention qui est de croire que tout est possible. Ainsi, depuis janvier dernier je suis retournée au travail. C’est-à-dire qu’en moyenne deux fois par mois je monte dans l’avion et je m’envole en direction de Bruxelles ou de Strasbourg pour quelque quatre jours. Il est vrai que mon activité professionnelle se voit réduite de moitié à peu près par rapport à l’an passé. Cela serait une chose excellente si mes envies suivaient la même courbe mais étant aveuglée par la nouveauté des circonstances et l’amour inconditionnel et inattendu dans sa puissance que j’apporte à ma petite famille, cet écart n’a pas encore eu le temps de frapper mon cerveau. Et donc, tout va pour le mieux. A part le cafard qui m’envahit invariablement au moment de la séparation suivi de larmes bien réelles et inévitables.

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Tout ceci ne serait pas possible sans notre merveilleuse nounou Elsa qui est l’image même de ce que j’imagine en évoquant la femme du Nord – grande, blonde, forte et calme, tout mon contraire. Irène l’adore et Elsa pour sa part semble également prendre du plaisir à s’occuper d’elle. Guillaume se charge de tout en dehors de ses propres heures travail et s’en sort haut la main et non sans une certaine fierté. Je ne suis pas encore sur le point de penser que mes déplacements soient un repos bien mérité car le travail, lui n’a pas changé d’un iota, mais une fois le chagrin du départ passé, ils seraient devenus presque supportables.

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Il y a plusieurs choses qui contribuent à cela. Pour la première fois j’ai l’impression de savoir valoriser le temps. De ne rien en faire peut-être, assurément mais le simple fait d’en avoir est en soi exquis. Je prends du plaisir à imaginer les mille et une activités que je pourrais entreprendre et même si au final ses petits projets ne voient jamais le jour ce n’est pas bien grave. La liberté de faire, ou de ne pas faire. Ensuite, sortir dans les rues sans devoir se soucier d’escaliers ou de trottoirs trop haut, du repas du midi et de l’heure de la sieste, aller au cinéma, à la librairie, y rester pour plus longtemps que strictement nécessaire. La liste des possibilités oubliées ces derniers mois et redécouvertes récemment est longue mais il y en a une qui y a une place de choix.

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Depuis un certain temps déjà (c’est-à-dire avant Irène) avec des amies, nous avions pris l’habitude de nous réunir chez l’une d’elles en pleine semaine pour boire un verre de bon vin, pour causer à notre aise, pour préparer quelque chose de délicieux, choisi avec soin par notre hôte. Cette tradition a su perdurer dans l’ère après Irène et j’avoue que la perspective de passer une soirée ‘comme avant’ contribue grandement à rendre plus tolérables ces semaines en exil. Une certaine insouciance caractérise ces moments car nous avons souvent les yeux plus gros que le ventre et nos ambitions ne correspondent pas vraiment aux horaires du monde du travail (commencer à pétrir la pâte levée à 20h du soir n’est pas toujours compatible avec un réveil matinal) mais cela n’enlève rien au charme de ces réunions.

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Ainsi, la dernière fois un menu imprimé en jolis caractères nous attendait sur la table, des olives et du saucisson pour tromper la faim et une bouteille de Barolo. En entrée il y a eu des pelmeenid accompagnés de deux sauces, une première traditionnellement à la crème fraîche et une seconde à la grenade et aux noix. Ont suivi de très belles noix de coquille St Jacques poêlées et de la courge butternut grillée au four, farcie aux pistaches et gratinée au parmesan. Pour couronner le tout, un sabayon au fruits rouges dont je rêve encore et qu’il faut que je refasse à la maison dès que l’occasion se présente.

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Les pelmeenid sont considérés comme un plat russe typique mais en réalité ils sont très appréciés également en Estonie (et en Lettonie – je me souviens d’en avoir mangé dans des bars à pelmeenid à Riga lors de nos excursions scolaires ; j’imagine qu’il en va de même pour bien d’autres pays de l’Europe orientale). A la maison nous les achetons d’habitude surgelés et les gardons pour les jours où par manque d’imagination ou de temps nous sommes à la recherche d’une idée de repas rapide. A peine quelque cinq minutes dans l’eau bouillante suffisent mais on peut aussi bien les faire frire encore congelés ou les poêler rapidement après la cuisson. Evidemment il n’était point question de pelmeenid surgelés ce mardi soir à Bruxelles mais bien de pelmeenid confectionnés par nos petites mains, un par un. Il ne faut pas se mentir, cela prend du temps. Le temps de pétrir la pâte, le temps de la laisser reposer, le temps de préparer la farce, de ciseler les herbes, de couper l’oignon, de laisser le tout mariner. Le temps de découper les petits cercles, de déposer une noix de farce sur chaque, de les fermer avec beaucoup de soin en serrant fort les bords afin d’éviter toute fuite éventuelle lors de la cuisson. Depuis j’en ai refait à la maison, une centaine. Il en reste encore au congélateur, c’est comme cela qu’ils se gardent le mieux car la pâte s’imbibe rapidement de l’humidité de la farce et devient très difficilement maniable.

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La pâte

400 g de farine de blé
1 oeuf
30 cl d’eau
1/2 c. à c. de sel

La farce

200 g d’agneau haché
200 g de boeuf haché
1 oignon
De l’ail si vous aimez
10 cl d’eau
Du romarin frais ou d’autres herbes (ciboulette, thym, origan)
Du sel, du poivre

Préparez la farce en mélangeant tous les ingrédients et assaisonnez généreusement. Réservez.

Pour la pâte, versez la farine sur le plan de travail et creusez au milieu un puits. Versez dans le puits l’oeuf, l’eau à température ambiante et le sel. Mélangez le tout du bout des doigts d’abord et pétrissez vigoureusement après afin d’obtenir une pâte lisse. Il faut qu’elle décolle des doigts. Couvrez-la de film alimentaire et laissez-la reposer approximativement une heure.

Farinez le plan de travail et étalez la pâte finement. Découpez des cercles de diamètre voulu à l’aide d’un verre à eau ou d’un emporte-pièce, déposez une noix de farce au milieu de chaque cercle et refermez les bords avec beaucoup de soin en appuyant fort avec les doigts. Vous obtiendrez des demi-lunes plus ou moins régulières. Vous pouvez humecter légèrement les bords de la pâte à l’aide d’un pinceau pour que ceux-ci collent plus facilement. Vous pouvez également fariner vos doigts de temps en temps pour faciliter l’opération.

Portez une grande casserole d’eau salée à ébullition et plongez-y la quantité désirée de pelmeenid. Une fois qu’ils sont montés à la surface il faudrait compter 4 à 5 minutes de cuisson à l’eau frémissante. En plat principal, je compte d’habitude une douzaine par personne mais cela dépend bien entendu de leur taille. Accompagnez-les d’une sauce à la crème fraîche et à la ciboulette ou d’un peu de beurre fondu.

Mettez le reste les pelmeenid pas encore cuits à congeler immédiatement sur un plateau en faisant bien attention à ne pas les coller les uns aux autres. Plus tard vous pouvez les transvaser dans des sacs de congélation.

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Déjeuner sur le pouce ou deux assiettes blanches sur une nappe grise

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Depuis le retour à Tallinn, beaucoup de choses ont changé. Entre autres, bien que j’aie repris le travail  et les déplacements depuis peu, mon activité professionnelle reste très modeste par rapport à ce qu’elle a pu être l’année dernière à la même époque. C’est un développement que j’ai appelé de tous mes veux et que je ne regrette absolument pas. Le supplément du temps est, bien sûr, vite avalé par la petite demoiselle mais pas seulement. Je me surprends à me lancer dans des élaborations culinaires plus ou moins tendancieuses en pleine semaine, à programmer des courses sur toute l’année, à rêver des formations d’une durée plus ou moins longue voire de reprendre des études. Et franchement, quel soulagement d’avoir toutes mes affaires à portée de main et de ne plus devoir me contenter du seul contenu d’une valise 48h. Il pleut ? J’ai une parapluie. Il neige? Je change de bottes et je ressors les moufles (oui, il reneige mais les températures sont toujours autour de 0). Envie de (re)lire Proust ? Plus qu’à. Bien entendu, le monde ne cesse pas de tourner si on a les pieds mouillés ou si au lieu de feuilleter Du côté de chez Swann on continue LE livre qu’on a glissé dans le sac avant de partir mais il est tout de même plus agréable d’avoir le choix. Même manger à l’extérieur le matin midi et soir peut rapidement devenir lassant si c’est par obligation.

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Bref, je vis chez moi pour la première fois depuis des années et c’est carrément agréable. Mais voilà que je me trouve d’un coup face à de nouveaux dilemmes quotidiens. Comment faire pour ne pas rester en pyjama jusqu’à midi (pas encore tout à fait résolu) parce que, tout simplement je le peux ? Comment utiliser efficacement les heures de sommeil d’Irène au lieu de rêvasser en m’égarant dans le vide du net ? Comment trouver de quoi nourrir une famille trois fois par jour, sept jours par semaine ? Ce dernier point peut paraître assez paradoxal pour ne pas dire tragicomique pour quelqu’un qui prétend tenir un blog axé cuisine mais pas moins aigu pour autant. Car en effet, jusqu’ici le nombre de mangeurs se limitait à deux et le nombre de repas trop souvent à quelques trois ou quatre par semaine si on ne compte pas les petits-déjeuners. Je rentrais souvent le jeudi ou le vendredi soir tard et commander des sushis paraissait la plupart du temps être la meilleure des solutions. Ensuite le WE. Les samedis et dimanches matins étaient plutôt du genre paresseux et souvent nous nous contentions d’un brunch plutôt que de préparer un vrai déjeuner. Cela nous convenait parfaitement. Les samedis midis nous descendions au marché en bas de chez nous afin de faire le plein de légumes et de fruits et de choisir un beau morceau de viande ou du poisson pour le dîner. Il n’était pas rare non plus que nous ayons du monde à la maison les samedis soirs et alors nous passions la journée dans la cuisine à découper, à nettoyer, à éplucher, à hacher ce qui après des heures et des heures de préparation allait être servi au dîner. Et quels dîners ! Nous fêtions la rencontre avec nos chers amis, nous fêtions nos propres retrouvailles après une semaine de séparation et nous fêtions toutes les occasions possibles et inimaginables à commencer par la journée des enfants japonaise (こどもの日) en mai et à terminer par la célébration de Sainte Lucie en décembre sans parler de Pâques, des anniversaires, de Noël.

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Tout ceci était vraiment très bien et ce n’est pas sans un certain regret que je repense à toute cette insouciance mais cette façon de vivre ne m’a finalement pas du tout préparé à devoir nourrir une famille tous les jours.  Or aujourd’hui, c’est justement ce repas quotidien et encore plus le déjeuner qui me remplit de perplexité. Car je le veux sain (oui enfin, n’est-ce pas le cas de tout le monde ?), rapide à préparer, savoureux, léger et nom d’une pipe, pas répétitif ! Car enfin, j’ai beau adorer les pâtes au pesto et les pelmeenid industriels (à suivre), alterner les deux d’une semaine à l’autre peut tarir rapidement l’enthousiasme des plus fervents adeptes. C’est pour cette raison précisément que je suis maintenant en quête d’idées de déjeuners rapides, pas très lourds mais nourrissants quand même.

Le défi est de taille donc et consiste à trouver un plat différent pour chaque midi qui correspondrait plus ou moins aux critères susmentionnés. Un surcroit d’ambitions ici serait clairement déplacé alors, en toute modestie, je vais viser une période de sept jours pour commencer.

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Pour commencer, une grande classique fort pratique, l’omelette. Pas besoin de recette pour en faire une et c’est tant mieux car qui à le temps pour ça un mardi midi ? Les miennes pour deux adultes sont souvent composés de trois oeufs, d’une bonne dose de lait entier (10cl au moins) et de ce qu’il y a à ce moment dans le frigidaire. Ma préférée demeure surement celle à la poitrine fumée et aux épinards qu’on trouve ici plantés dans de petits pots mais il y a tellement de variantes possibles. Fromage râpé et légumes racines qui accompagnaient le poulet rôti de la veille, chèvre et poireaux, pommes de terre et jambon, une généreuse poignée d’herbes aromatiques et du parmesan… Je fais bien chauffer la poêle à l’avance et avant d’y verser la préparation aux oeufs j’ajoute une généreuse noisette de beurre pour obtenir un résultat joliment doré. La cuisson sous le couvercle prend quelque 10 minutes au feu moyen. Et la voilà, votre omelette, dorée en dessous, aérée à souhait et si réconfortante un jour où la neige fondue ne cesse de tomber et les rues perdent de leur praticabilité à vue d’oeil.

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Un autre plat tout simple et j’avoue, pas des plus diététiques mais source du plus grand contentement et réclamé à corps et à cris chez nous (ça doit avoir quelque chose à faire avec les habitudes d’enfance de mon cher et tendre ?) est l’humble croque Monsieur et sa partenaire en crime, eh oui… le fameux croque Madame. Bon, ma très originale présentation de ces sandwichs chauds à part, accompagnés d’une salade verte, je me dis que les principales catégories nutritionnelles sont bien présentes. Et un joli oeuf pour couronner la simple tenue du Monsieur (décidément…), c’est juste la touche qu’il faut pour caler les estomacs vides des plus gros mangeurs. M’est avis qu’un seul croque, peu importe son genre, suffit amplement mais il se peut qu’on vous en demande non sans un peu de gêne d’en prévoir au moins deux par personne. Soit. Pensez à sortir le beurre un peu à l’avance car le pain de mie peut se montrer peu coopératif au contact du beurre froid, n’est-ce pas. Pour tous les français ça coule de source mais… beurrez vos tranches de pain de l’extérieur, pas de beurre côté fromage jambon. Cela garantit une croute dorée et pas séchée. Et faites chauffer les fers ! Pour un croque Monsieur : 2 tranches de pain de mie et quelques 50g de fromage râpé, et du jambon entre les deux. Un oeuf sur le plat pour le transformer… en Madame. C’est la version traditionnelle mais rien n’empêche d’essayer avec du fromage fumé, du jambon cru ou que sais-je, des pointes d’asperges vertes.

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Cela m’a pris du temps mais en France j’ai appris à apprécier la salade verte. Celle qu’on mange après le plat principal, avec un peu de fromage si affinité. Eh bien, dans les contrées du nord cette habitude est inexistante et la plupart du temps vous trouverez votre laitue noyée dans une sauce à la crème et au sucre en accompagnement pour ledit plat. Ce n’est pas mauvais, du tout, au contraire mais on est assez loin de l’idée d’une petite bouchée rafraîchissante avant de s’attaquer aux desserts. Et ça me manque. Je n’en consomme pas des quantités gargantuesques comme Monsieur mais n’empêche… quelques feuilles ici et là, avec un peu de vinaigrette égaye l’assiette. Du coup je fais un compromis. Un peu pour aller avec l’omelette, un peu avec la quiche et de temps en temps, une salade composée. Celle-ci est fortement inspirée par les jours d’été remplis de chant des cigales et des nuits qui exhalent encore la chaleur accumulé en journée. Toujours pour deux j’ai mis deux boules de mozzarella di buffala, 8 tranches de pancetta, deux belles poignées de roquette, des pignons de pin grillés. Un peu d’huile d’olive, un tour de moulin à poivre et une réduction de vinaigre balsamique pour rehausser le tout. On est loin d’une insalata caprese traditionnelle et il va falloir patienter encore quelques mois avant de trouver des tomates locales mais en attendant cette variante n’est pas si mal que ça.

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