Jusqu’ici tout va bien et des pelmeenid maison

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Dans la vie merveilleusement bien organisée qui est la mienne on peut, si on n’y prend pas garde, développer assez facilement la prétention qui est de croire que tout est possible. Ainsi, depuis janvier dernier je suis retournée au travail. C’est-à-dire qu’en moyenne deux fois par mois je monte dans l’avion et je m’envole en direction de Bruxelles ou de Strasbourg pour quelque quatre jours. Il est vrai que mon activité professionnelle se voit réduite de moitié à peu près par rapport à l’an passé. Cela serait une chose excellente si mes envies suivaient la même courbe mais étant aveuglée par la nouveauté des circonstances et l’amour inconditionnel et inattendu dans sa puissance que j’apporte à ma petite famille, cet écart n’a pas encore eu le temps de frapper mon cerveau. Et donc, tout va pour le mieux. A part le cafard qui m’envahit invariablement au moment de la séparation suivi de larmes bien réelles et inévitables.

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Tout ceci ne serait pas possible sans notre merveilleuse nounou Elsa qui est l’image même de ce que j’imagine en évoquant la femme du Nord – grande, blonde, forte et calme, tout mon contraire. Irène l’adore et Elsa pour sa part semble également prendre du plaisir à s’occuper d’elle. Guillaume se charge de tout en dehors de ses propres heures travail et s’en sort haut la main et non sans une certaine fierté. Je ne suis pas encore sur le point de penser que mes déplacements soient un repos bien mérité car le travail, lui n’a pas changé d’un iota, mais une fois le chagrin du départ passé, ils seraient devenus presque supportables.

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Il y a plusieurs choses qui contribuent à cela. Pour la première fois j’ai l’impression de savoir valoriser le temps. De ne rien en faire peut-être, assurément mais le simple fait d’en avoir est en soi exquis. Je prends du plaisir à imaginer les mille et une activités que je pourrais entreprendre et même si au final ses petits projets ne voient jamais le jour ce n’est pas bien grave. La liberté de faire, ou de ne pas faire. Ensuite, sortir dans les rues sans devoir se soucier d’escaliers ou de trottoirs trop haut, du repas du midi et de l’heure de la sieste, aller au cinéma, à la librairie, y rester pour plus longtemps que strictement nécessaire. La liste des possibilités oubliées ces derniers mois et redécouvertes récemment est longue mais il y en a une qui y a une place de choix.

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Depuis un certain temps déjà (c’est-à-dire avant Irène) avec des amies, nous avions pris l’habitude de nous réunir chez l’une d’elles en pleine semaine pour boire un verre de bon vin, pour causer à notre aise, pour préparer quelque chose de délicieux, choisi avec soin par notre hôte. Cette tradition a su perdurer dans l’ère après Irène et j’avoue que la perspective de passer une soirée ‘comme avant’ contribue grandement à rendre plus tolérables ces semaines en exil. Une certaine insouciance caractérise ces moments car nous avons souvent les yeux plus gros que le ventre et nos ambitions ne correspondent pas vraiment aux horaires du monde du travail (commencer à pétrir la pâte levée à 20h du soir n’est pas toujours compatible avec un réveil matinal) mais cela n’enlève rien au charme de ces réunions.

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Ainsi, la dernière fois un menu imprimé en jolis caractères nous attendait sur la table, des olives et du saucisson pour tromper la faim et une bouteille de Barolo. En entrée il y a eu des pelmeenid accompagnés de deux sauces, une première traditionnellement à la crème fraîche et une seconde à la grenade et aux noix. Ont suivi de très belles noix de coquille St Jacques poêlées et de la courge butternut grillée au four, farcie aux pistaches et gratinée au parmesan. Pour couronner le tout, un sabayon au fruits rouges dont je rêve encore et qu’il faut que je refasse à la maison dès que l’occasion se présente.

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Les pelmeenid sont considérés comme un plat russe typique mais en réalité ils sont très appréciés également en Estonie (et en Lettonie – je me souviens d’en avoir mangé dans des bars à pelmeenid à Riga lors de nos excursions scolaires ; j’imagine qu’il en va de même pour bien d’autres pays de l’Europe orientale). A la maison nous les achetons d’habitude surgelés et les gardons pour les jours où par manque d’imagination ou de temps nous sommes à la recherche d’une idée de repas rapide. A peine quelque cinq minutes dans l’eau bouillante suffisent mais on peut aussi bien les faire frire encore congelés ou les poêler rapidement après la cuisson. Evidemment il n’était point question de pelmeenid surgelés ce mardi soir à Bruxelles mais bien de pelmeenid confectionnés par nos petites mains, un par un. Il ne faut pas se mentir, cela prend du temps. Le temps de pétrir la pâte, le temps de la laisser reposer, le temps de préparer la farce, de ciseler les herbes, de couper l’oignon, de laisser le tout mariner. Le temps de découper les petits cercles, de déposer une noix de farce sur chaque, de les fermer avec beaucoup de soin en serrant fort les bords afin d’éviter toute fuite éventuelle lors de la cuisson. Depuis j’en ai refait à la maison, une centaine. Il en reste encore au congélateur, c’est comme cela qu’ils se gardent le mieux car la pâte s’imbibe rapidement de l’humidité de la farce et devient très difficilement maniable.

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La pâte

400 g de farine de blé
1 oeuf
30 cl d’eau
1/2 c. à c. de sel

La farce

200 g d’agneau haché
200 g de boeuf haché
1 oignon
De l’ail si vous aimez
10 cl d’eau
Du romarin frais ou d’autres herbes (ciboulette, thym, origan)
Du sel, du poivre

Préparez la farce en mélangeant tous les ingrédients et assaisonnez généreusement. Réservez.

Pour la pâte, versez la farine sur le plan de travail et creusez au milieu un puits. Versez dans le puits l’oeuf, l’eau à température ambiante et le sel. Mélangez le tout du bout des doigts d’abord et pétrissez vigoureusement après afin d’obtenir une pâte lisse. Il faut qu’elle décolle des doigts. Couvrez-la de film alimentaire et laissez-la reposer approximativement une heure.

Farinez le plan de travail et étalez la pâte finement. Découpez des cercles de diamètre voulu à l’aide d’un verre à eau ou d’un emporte-pièce, déposez une noix de farce au milieu de chaque cercle et refermez les bords avec beaucoup de soin en appuyant fort avec les doigts. Vous obtiendrez des demi-lunes plus ou moins régulières. Vous pouvez humecter légèrement les bords de la pâte à l’aide d’un pinceau pour que ceux-ci collent plus facilement. Vous pouvez également fariner vos doigts de temps en temps pour faciliter l’opération.

Portez une grande casserole d’eau salée à ébullition et plongez-y la quantité désirée de pelmeenid. Une fois qu’ils sont montés à la surface il faudrait compter 4 à 5 minutes de cuisson à l’eau frémissante. En plat principal, je compte d’habitude une douzaine par personne mais cela dépend bien entendu de leur taille. Accompagnez-les d’une sauce à la crème fraîche et à la ciboulette ou d’un peu de beurre fondu.

Mettez le reste les pelmeenid pas encore cuits à congeler immédiatement sur un plateau en faisant bien attention à ne pas les coller les uns aux autres. Plus tard vous pouvez les transvaser dans des sacs de congélation.

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